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Août
2018

l’histoire de la fabrique de vinyle ARTONE – partie 4, Regain d’interet pour les disques vinyles

Juste au moment où les choses semblait aller mal pour Record Industry, il y eu un tournant important dans le marché. Les passionnés de musique s’ennuyaient en quelque sorte du disque compact. Un tel petit disque avec une incrustation (au lieu d’une belle couverture) dans une boîte en plastique n’était plus considéré comme une possession précieuse. Et le téléchargement était aussi devenu moins populaire. De plus, beaucoup trouvaient que l’enregistrement sur un gramophone sonnait beaucoup mieux qu’un CD. La demande pour les disques vinyle en provenance du marché commencait à croître rapidement.
Dans les média, de nombreux articles positifs sont paru à l’époque au sujet de ce qui serait vu comme un développement positif. Le 8 janvier 2010, Jan Vollaard écrivait dans le NRC Handelsblad:  » Enfin, cette jolie couverture est de retour » . Le vieux disque vinyle est de retour et ce, au dépens du CD
Papa, c’est quoi ce grand CD noir? Cela se passe de moins en moins que des enfants doivent demander aux parents ce que c’est qu’un gramophone. Les jeunes ont chez eux des tourne-disques en bon état dans leur chambre à coucher ou dans le salon et jouent de la musique, achètent et collectionnent la musique enregistrée sur des gramophones. Dans les magasins de CD, on voit de nouveau une caisse avec des LP’s et toute musique pertinente réapparaît sur le vinyle. Le nouveau vinyle est à nouveau produit pleinement.
La musique « dance » a été le grand booster pour la continuité du disque vinyle. Les DJs devaient acheter des disques vinyles, parce qu’il n’y a rien d’autre à’époque avant que Tiësto n’ait hissé le lecteur CD à la nouvelle norme.
Ce qui était maintenant différent. Vollaard a souligné les ventes d’albums de vinyle par Miles Davis, Jeff Buckley et Michael Jackson. Une bonne raison pour faire sortir le vieux pick-up du grenier, ou bien d ‘acquérir un démarreur rapide, conseillait-il à ses lecteurs. « Le véritable audiophile pense que les disques sonnent plus chaud que les CD. Ils préfèrent avoir une jolie pochette-double avec de belles illustrations qu’un pauvre livre de CD bâclé  »

Dans l’article du NRC, Ton Vermeulen était aussi à la parole. Le directeur de Record Industry affirmait qu’en 1998, dans le monde quelques 250 millions de disques sortaient des presses. En 2010, la production était d’environ 20 à 40 millions de disques vinyles par an, répartie sur environ vingt usines dans le monde entier.
Vollaard; L’usine de Record Industry produit environ 4 millions d’albums par an sur disques LP de 12″ ou des singles mixtes de 7  » et même des disques vinyles avec le diamètre des vieux disques 78 tours. U2 et Madonna ont toujours été livrables sur vinyle, mais d’Anouk a sorti pour la première fois son nouveau LP ‘For Bitter or Worse’ , récemment pressé à Record Industry.

Ghislaine Pahnke était encore plus optimiste trois mois plus tard – dans un article intitulé: ‘ Le LP est de retour.
On pourrait penser que les disques vinyles ne se font plus. Avec l’avènement du CD, beaucoup a changé dans le monde de la musique. Pourtant, Record Industry sait comment bien se tenir en ces temps difficiles. Cette usine se trouve depuis 1957 à Haarlem et presse toujours 4 à 5 millions de disques par an, qui sont vendus principalement en Europe.
Il est de plus en plus clair que les artistes font toujours des LP, et cette usine a pu déjà en produire beaucoup. Leurs archives sont énormes. Entre autres: Anouk, Outkast, Robbie Williams, Norah Jones et U2 sont déjà apparus sur vinyle. Même les Beatles et Michael Jackson sont toujours pressés. Qu’on aime toujours les disques vinyles, cela est bien clair. De nouveaux artistes et petits groupes comme Giovanca, Wouter Hamel et Spinvi font presser leurs hits sur des disques a affirmé Pahnke.

Dans le journal Volkskrant, Berend Jan Bockting affirme que Bol.com a décidé, le même mois, de prendre en main la vente de disques. Cela commence bien, déclare le directeur du marketing Michel Scheffer. Selon cette entreprise qui opère sur le net, les clients réclament régulièrement l’exécution d’un certain album sur vinyle. Et Bol.com a réagi à cela.
De nouveau Vermeulen était cité. Il a été en effet le directeur de la plus grande entreprise de disques en Europe. Les disques étaient, selon lui, achetés par des consommateurs conscients. Selon Vermeulen la popularité des phonographes USB a contribué à la demande croissante des disques vinyle.. « Au cours des deux dernières années, on en a vendu des milliers . Même au Bijenkorf, vous trouverez un tourne-disque que vous pouvez connecter à votre iPod.  »
Mais il s’est avéré difficile de reproduire des statistiques sans ambiguïté. Même pour l’organisation de la branche NVPI. Les ventes étaient difficiles à évaluer. Ces dernières années on vend le vinyle surtout dans les magasins spécialisés et non dans les chaines des grandes surfaces. Les chiffres ne parviennent donc pas à nous. Wouter Rutten du NVPI a parlé d’une niche tenace. `. Une estimation prudente a indiqué une part de marché de 2 %.

Les membres de Bløf étaient ébahis de voir Record Industry

Fin 2010, on pouvait lire: La superficie totale destinée à l’industrie du disque à Nijverheidsweg, dans le Waarderpolder de Haarlem couvre pas moins de six mille mètres carrés. C’est plus qu’un terrain de football. Dans le hall, il y a 33 presses de disques dont 26 pour les LP de 30 cm , 3 pour les disques de 25 cm [ disques de format 78 tours] et 4 presses pour les singles de 45 tours- en moyenne bon pour la production de 30.000 disques par jour . Dans la production il y a 30 employés et 10 dans les bureaux.

Le disque vinyle est devenu un produit à la mode. Dans un article de la VPRO- Vermeulen raconte que Matthijs van Nieuwkerk agitait un petit CD, dans son programme  » De wereld draait door’ » . Maintenant cela est devenu un disque LP  « Sans disque vinyle, tu n’es plus cool en tant qu’artiste » !

Affiche drôle dans les bureaux de Record Industrie – photo Ariane Slinger

Croissance permanente

Lors d’un entretien le 26 avril 2018, Ton Vermeulen a donné quelque chiffres pertinents. Depuis l’année catastrophique 2010 avec la production de 2,8 million de pièces, la production est remontée comme une fusée. Il parlait en 2011 avec Louis Dekker dans le NOS d’une croissance évaluée à pas moins de 40%. J’ai entendu dire qu’âpres, cette tendance a bien continué jusqu’à 9,4 millions de disques en 2016 et 10,3 en 2017.
L’année précédente il m’a dit qu’on avait produit de Dark Side of the Moon ( Pink Floyd, 1973) à Haarlem pour pas moins de 100 000 exemplaires. Ce nombre a été dépassé par ‘ Kinda Blue » de Miles Davis (1959): 250.000 pièces. C’était considérablement plus que l’album de jazz n’avait jamais été vendu. Dans son livre Inside the record business, Clive Davis, le président de CBS revenait sur les années de gloire du trompettiste, fin des années 50, lorsque les albums  » Kind of Blue » et Sketches of Spain se sont vendu à plus de 100 000 exemplaires…

Ton Vermeulen a souvent souligné dans les médias que le vinyle était sur le marché depuis soixante ans en tant que support de son. C’est le seul support de musique qu’on voit jouer. Un CD disparaît facilement dans un tiroir. Pour cette raison on voit le disque revenir plus souvent aussi dans les feuilletons et les films. On ne peut pas communiquer la musique en images autrement.

Selon lui, cette visibilité était aussi l’un des motifs pour d’acheter ou d’offrir un disque. On n’offre pas un coupon de téléchargement à une personne en guise de cadeau d’anniversaire. Mais on offre bien un disque qu’on peut voir et toucher! Il en va de même pour une grande collection numérique. Personne n’est impressionné par les dix mille chansons sur votre PC. Mais bien par votre collection de disques:

Le pourcentage du marché du disque vinyle serait entre-temps en hausse à plus de 20 % par année.

Selon Vermeulen il est difficile, voire impossible, d’effectuer un calcul correct. En tout cas, même un bureau d’étude de marché tel que Nielsen n’a pas réussi à le faire. Les sondages étaient correctement exécutés mais ils n’étaient pas assez larges.

Enfin, la question est de savoir comment cela va se poursuivre. Mais personne ne saurait dire comment les choses se passeront à l’avenir.

Ton est optimiste. Pourtant l’année précédente, ce dont je me rappelle encore, il avait déjà fait quelques remarques relativistes On ne doit pas trop exagérer la croissance de la production disait-il. Lorsque je lui en ai parlé cette fois ci il ne s’en rappelait plus. Pourtant, en avril 2018, il était non seulement optimiste mais aussi prudent. Non pas parce que l’intérêt pour le disque vinyle disparaîtrait. Cela ne sera certes pas le cas. L’homme a en effet toujours été un collectionneur.

Son plus grand `problème’ a été que les numéros top actuels- par opposition à autrefois – montrent tellement peu de nouveaux produits sur le marché. Autrefois, les artistes gagnaient leur pain avec leurs ventes de supports sonores tels que les gramophones ou autrement.

Ce n’est plus le cas maintenant. Avant, ils jouaient sur scène et faisaient ainsi la promotion de leur disque pour gagner des royalties. De nos jours, ils gagnent leur pain par des tournées, du publishing, du merchandising et autres droits (par exemple le spotify). L’enregistrement de nouveaux albums n’a plus leur priorité comme jadis.

Peu de nouveaux produits de qualité sont disponibles. Heureusement que le catalogue existant est encore pleinement ouvert à la croissance. Donc, pour nous, il n’y a pas de raison de nous inquiéter.

Harry Knipschild
7 mai 2018

photo de pochettes de vinyles dans les bureaux de Record industrie – photo Ariane Slinger

Les clips

* Miles Davis, So What (de l’ album ‘Kind of Blue’), 1959

* Rolling Stones, Little Red Rooster, 1964

* Middle of the Road, Sacramento, 1971

* Amii Stewart, Knock on Wood, 1979

* Radio Decibel, 1984

* Good Men, Give it up, MTV, 1993

* Documentaire Pink Floyd, Dark Side of the Moon, 2003

* Ton Vermeulen, Record Industry, 2014

* Haarlem Vinylstad, Vinyl top 50, 2014

* Bløf in Record Industry, 2016

Bibliographie:

‘Zo gaan we vooruit!’, Tuney Tunes, avril 1948

Clive Davis, Clive. Inside the record business, New York 1975

Jan Vollaard, ‘Comeback van het vinyl. Persen vinylplaten groeit’, NRC, 8 janvier 2010

Ghislaine Pahnke, ‘De lp is bezig aan een comeback’, Vers Pers, 8 avril 2010

Berend Jan Bockting, ‘Ook de gewone muziekliefhebber vraagt vinyl. Bol.com slaat toe’ Volkskrant, 13 april 2010

‘Record Industry Haarlem. ‘Wij zijn de grootste van Europa’’, Vinyltijdschrift, 15 décembre 2010

Louis Dekker, ‘Muziekindustrie is vindingrijk’, NOS, 24 janvier 2011

Robert Haagsma, ‘Ton Vermeulen’, in Passion For Vinyl, 2013

Hugo Hoes, ‘Op bezoek bij vinylperserij Record Industry’, VPRO, 15 avril 2014

Rolinde Hoorntje, ‘Leve de langspeelplaat’, NRC, 12 décembre 2014

Peter Voskuil, Dutch Mountains, A

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